La ville sous la Renaissance

La ville sous la Renaissance
cliquez sur la photo
Affichage des articles dont le libellé est château d' ecouen. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est château d' ecouen. Afficher tous les articles

mercredi 1 septembre 2010

Spectacle Château d'Ecouen La médecine au XVIéme siècle


LA MÉDECINE AU XVIe SIÈCLE

LE STATUT DE MÉDECIN

Au seizième siècle, les médecins ne jouissent pas d'une aura aussi respectable qu'actuellement. Cependant, le médecin a un statut supérieur au chirurgien et au barbier. Chacune de ces catégories ayant des attributions strictement délimitées.

MÉTHODES EMPLOYÉES

A cette époque, le médecin utilise encore des méthodes philologiques, et non pas expérimentales. Syphilis La médecine se définit comme "la pratique de la philosophie naturelle sur le corps humain".

On ''se rend maître de la science médicale'' contenue dans les livres d'HIPPOCRATE et de GALIEN.

Sur ce plan là, Rabelais a l'avantage de pouvoir lire directement dans le texte grec d'origine, qui est la référence ultime. D'où son succès.

En réalité, on combat les maladie à l'aide d'une pharmacopée très diverses, à la croisée entre les remède de bonne femme et les recherches des alchimistes. La syphilis par exemple (illustration ci-contre) se combat avec du VIF ARGENT, du bois de gayac, d'esquine, salsepareille, ou par une application d'antimoine vitrifié. La poudre de Mercure s'utilise contre les bubons.

Anatomie au XVIéme siècle

LES ÉTUDES

MONTPELLIER est la capitale française de l'enseignement médical. A cette époque, pas de Cité Universitaire : les étudiants vivent soit dans les couvents avec les moines, soit dans des collèges groupés par nations.

Les études sont de trois ans et se décomposent en deux ans et demi de scolarité à Montpellier, et six mois de pratique à l'extérieur. Quand le candidat a terminé ce cycle il affronte les examens bloqués en fin d'études.

Le premier de ces examens est le baccalauréat. Sa durée est de quatre heures.

Après le baccalauréat, l'étudiant fait trois cours publics dans lesquels il lit et commente des textes médicaux. Les élèves sont tenus d'y assister et plus tard, ils attesteront sur le diplôme des cours que le candidat a bien effectué son travail. Rabelais fit sensation à cette occasion auprès des ses confrères en lisant directement le texte Grec d'Hippocrate

Après quoi se déroule l'examen dit PER INTENTIONEM ADIPISCENDI LICENTIAM . L'étudiant soutient quatre thèses de deux jours en deux jours sur des sujets donnés seulement la veille. La durée de chaque soutenance est d'une heure au minimum.

Viennent ensuite les POINTS RIGOUREUX. Cet examen a lieu de midi à quatre heures et porte sur deux sujets tirés au sort un jour plus tôt. L'un de ces sujets doit avoir trait à une maladie, l'autre est un l'un des aphorismes d'Hippocrate. En plus de ces questions imposées, l'étudiant doit encore répondre à toutes celles qui peuvent lui être posées par des maîtres et les licenciés. Enfin vient la licence, huit jours après. C'est une cérémonie purement extérieure où l'évêque, ou son vicaire général, remet à l'étudiant le diplôme de son nouveau grade. Deux professeurs sont tenus d'être présents à la cérémonie.

L'étudiant passe alors un engagement envers l'université: Le Paranymphe. Il s'agit d'une sorte de cérémonie allégorique en vertu de laquelle les nouveaux licenciés " épousent " la faculté au sein de laquelle ils vont être admis. Un assez grand nombre d'étudiants se contentent de la licence. C'était ceux qui, se sentant peu de disposition pour l'enseignement se vouaient à une pratique modeste. Ceux aussi qui, partant pour la province croyaient pouvoir se dispenser d'un titre de plus, quitte à le demander plus tard.

MONTPELLIER est la capitale française de l'enseignement médical. Les étudiants vivent les uns dans les couvents avec les moines, les autres dans des collèges groupés par Nations.

Les études sont de trois ans et se décomposant en deux ans et demi de scolarité à Montpellier même, et six mois de pratique à l'extérieur. Quand le candidat a terminé ce cycle il affronte les examens bloqués en fin d'études.

Le premier de ces examens est le baccalauréat. Sa durée est de quatre heures. Après le baccalauréat, l'étudiant fait trois cours publics dans lesquels il lit et commente des textes médicaux. Les élèves sont tenus d'y assister et plus tard, ils attesteront sur le diplôme des cours que le candidat a bien rempli son pensum.

L'examen dit PER INTENTIONEM ADIPISCENDI LICENTIAM est le suivant. L'étudiant soutient quatre thèses de deux jours en deux jours sur des sujets donnés seulement la veille. La durée de chaque soutenance est d'une heure au minimum.

Ambroise Paré

LA MÉDECINE AU XVIe SIÈCLE

Viennent ensuite les POINTS RIGOUREUX. Cet examen, exceptionnellement, se déroule dans la chapelle ST MICHEL de Notre Dame Des Table. Il a lieu de midi à quatre heures et porte sur deux sujets tirés au sort un jour plus tôt. L'un de ces sujets doit avoir trait à une maladie, l'autre est un l'un des aphorismes d'Hippocrate. En plus de ces questions imposées, l'étudiant doit encore répondre à toutes celles qui peuvent lui être posées par des maîtres et les licenciés. Enfin vient la licence, huit jours après. C'est une cérémonie purement extérieure où l'évêque, ou son vicaire général, remet à l'étudiant, dans la Salle L'Evêque, le diplôme de son nouveau grade. Deux professeurs sont tenus d'être présents à la cérémonie.

L'étudiant passe alors un engagement envers l'Université: Le Paranymphe. Il s'agit d'une sorte de cérémonie allégorique en vertu de laquelle les nouveaux licenciés " épousent " la faculté au sein de laquelle ils vont être admis.

Un assez grand nombre d'étudiants se contentent de la licence. C'était ceux qui, se sentant peu de disposition à l'enseignement se vouaient à une pratique modeste. Ceux aussi qui, partant pour la province croyaient pouvoir se dispenser d'un titre de plus, quitte à le demander plus tard.

Anatomie du XVIéme siècle

LE DOCTORAT EN MÉDECINE

Le Licencié est tenu de lire pendant deux ans dans l'école. Après quoi, il aborde les TRIDUANES qui se déroulent trois jours durant, matin et soir, une heure au moins chaque fois. Il s'agit d'un examen supplémentaire qui permet d'accéder au grade suprême: le doctorat.

Celui-ci, l'ACTUS TRIUMPHALIS a lieu au milieu de la foule des postulants.

Les étudiants payaient pour leurs frais d'études anatomiques 40 sols la première année, 20 sols la seconde, et les vétérans, seulement 10. Obtenir un cadavre pour la dissection posait un sérieux problème. Aux débuts de la médecine, ceux-ci étaient dérobés au cimetière. Ce fut un grand succès quand des étudiants de Bologne, accusés et jugés pour ces vols de cadavres furent acquittés. Après, on ferma les yeux. Un contemporain Italien de RABELAIS, BÉRANGIO, s'était fait une réputation pour avoir disséqué plus de cent cadavres, mais à ce moment, la dissection était tolérée dans toutes les écoles de médecine italiennes. Pas en France. Raison pour laquelle la dissection faite par RABELAIS passe pour un événement.Rabelais

CÉLIBAT DES MÉDECINS

Au début, la Faculté était presque exclusivement composée d'ecclésiastiques. Mais les laïques y vinrent de plus en plus nombreux. Au XIVème siècle, le Pape HONORIUS 3 interdit aux prêtres d'exercer la médecine. Par une sorte de contradiction, la Faculté, tout en mettant des entraves à l'admission des prêtres exigeait cependant de ses bacheliers licenciés la rigoureuses observation du célibat. Ainsi, Charles de MEAUREGARD, doyen en 1443 , s'étant marié trois ans après sa nomination fut déchu de tous ses titres parce qu'il s'était marié avec une veuve. Se marier avec une veuve était une circonstance aggravante, car d'après les idées de l'époque, cela constituait une sorte de bigamie du côté de la femme. (voir Charivaris)

La devise des médecins Montpelliérains: EXPERIMENTA RERUM MAGISTRA

L’expérience seule est maîtresse de la vérité.

Rabelais s'en gausse gentiment, en faisant remarquer par Panurge interposé que les médecins "font leur expérience à force de morts".Léonard de Vinci

LES ÉCOLES MÉDICALES AU SEIZIÈME SIÈCLE

On trouve un courant GALENIQUE (du nom de GALIEN,) qui reste fondé sur l'autorité du médecin grec, mais corrige le galénisme scolastique. Le prestige de la médecine galénique s'affirme chez Rabelais qui réédite en 1532 les aphorismes de GALIEN.

La médecine HERMÉTIQUE (mot qui n'apparaît qu'en 1610 avec le sens de "relatif à l'alchimie") s'inspire du christianisme ésotérique ou de la KABBALE. Elle a réalisé de nombreuses découvertes, notamment dans le domaine des narcotiques, et a sélectionné les plantes médicinales.

On trouve aussi la médecine SPAGIRIQUE dont Paracelse est le principal représentant. Cette médecine repose sur quatre piliers : l'astronomie, l'alchimie, la philosophie et la vertu. Partant d'une distinction entre microcosme et macrocosme qui ont pour principe de conservation vitale, Paracelse croit découvrir cinq causes de maladie: l'astrale, la vénéneuse, c'est à dire due à l'alimentation, la naturelle, la spirituelle, et la divine. Chaque maladie pouvant affecter cinq formes différentes, il existe donc cinq pestes, cinq jaunisses et ainsi de suite....

Bien que l'influence astrale ne s'exerce pas directement mais par l'intermédiaire de leur exhalaison qui peut attaquer l'élément malade, nos sept organes sont assimilables aux sept corps célestes: le cerveau est comparable à la lune, Mars au foie humain, etc..

Non homogène, l'œuvre de Paracelse est à la fois vitaliste, astrologique, hermétique et chimiatrique.Le vautour de la Peste

LES MALADIES AU SEIZIÈME SIÈCLE

LA PESTE est la plus crainte des maladies mortelles On la décline en : Fièvre pestilente. Fièvre Méphitique. Coqueluche (sorte de Peste, selon la nature du VENIN de la maladie). La Suette est une sorte de Peste. La Bosse soins au bois de gayacaussi. Le Charbon: idem. La Pourpre: idem.

La LÈPRE a deux causes : la Cause Primitive ou la cause héréditaire. C'est ce qui se dit à l'époque.

La Cause Antécédente est attribuée à l'air des pays trop chauds froids etc...

La Cause Conjointe, elle, est imputable à la contagion incurable, car c'est un chancre universel. Les LADRES blancs, appelés Cachots, Cagots, Capots, qui ne présentent aucun indice de lèpre par dehors.

Les ladres sont considérés comme SALACES, on les disait atteints de SATYRIASIS.

Une forme de Choléra est appelée TROUSSE-GALANT.

LES FIÈVRES

La Fièvre Tierce est due à la bile

La Fièvre Quarte se fait de l'humeur mélancolique.

QUELQUES MÉDICAMENTS UTILISES

D'après l'auteur contemporain Michel RAGON, RABELAIS à ses patients prescrivait la diète, des fulmigations de mercure, des pilules d’aloes, du genièvre râpé, des décoctions de gaïac, de bois d’esquille et de salsaparilla. “

A cette époque contre la peste on utilise des lotions de vinaigre et comme cure préservative, l'odeur du bouc. La frigidité féminine se guérit par une infusion de fourmis volantes (!). L'impuissance masculine, elle, se traite en assaisonnant les repas de sel de lézard

La panacée universelle est "la poudre de sympathie" composée de vitriol calciné

La "poudre d'oribu" dont parle Rabelais venait de la chandelle de résine

Petite SUPERSTITION amusante (!), mais révélatrice de l'époque : On croit que la corde d'un pendu protège des maux de tête.

©Rémi Morel

http://www.renaissance-france.org

La renaissance : La fin du beau XVIème siècle

La renaissance : La fin du beau XVIème siècle

Henri II : tournoi tragique rue Saint-Antoine

E n juin 1559, Henri II, dont le nom n'avait pas été porté par un roi de France depuis cinq siècles, est âgé de 40 ans et 4 mois. De haute stature comme son père François - il mesure 1,84 mètre, à en croire son armure de parade -, il passe pour le plus bel homme du royaume, qui alors n'en manque point, selon les mots inoubliables de Mme de Lafayette à la première page de « La princesse de Clèves ». Le plus accompli aussi dans les exercices sportifs, qu'il pratique avec ardeur, et dont il va payer le prix.

En ces premiers jours de l'été, à Paris, la grande ville encombrée des chantiers d'embellissement voulus par le souverain, l'heure est à la réjouissance. Un grand concours de princes et de seigneurs des deux sexes s'y trouve rassemblé pour célébrer la paix enfin advenue entre la France et l'Espagne, sous la forme de noces destinées à la sceller : Elisabeth, l'aînée des filles du roi, épouse par procuration, via le duc d'Albe ici présent, Philippe II d'Espagne, le 22 juin à Notre-Dame, sous les yeux du duc Emmanuel-Philibert de Savoie, arrivé la veille de Bruxelles pour célébrer ses fiançailles avec Marguerite, dernière fille de François Ier et veuve du duc de Berry, qui n'a pas moins de 36 ans. Durant six jours, au Louvre et surtout à l'hôtel des Tournelles, résidence préférée de la famille royale, se succèdent ces divertissements. Dans la soirée du 28 juin est signé le contrat de mariage de Marguerite et d'Emmanuel-Philibert. Pareil événement ne saurait aller sans de nouvelles fêtes, celles que préfère le roi Henri, parfait chevalier : les tournois.

Le terrain a été préparé. A la hauteur de l'hôtel des Tournelles, non loin de l'actuelle place des Vosges, la rue Saint-Antoine est dépavée afin de ménager une piste sablée d'une centaine de mètres, divisée dans sa longueur par une double barrière, en sorte que les jouteurs ne puissent s'entrechoquer frontalement, le jeu consistant à faire mordre la poussière au partenaire par un coup de lance bien ajusté dans la poitrine. Tout autour de la lice ont été installées des tribunes en bois richement tapissées, ornées des armes de France, d'Espagne et de Savoie. Les joutes, qui ont lieu l'après-midi, attirent en effet des centaines de spectateurs. Les mercredi 28 et jeudi 29 juin, roi et princes ont rivalisé de vaillance, Henri l'emportant sur tous les autres.


C'est le troisième jour que se joue le drame, dans une mise en scène fastueuse et tragique sur laquelle les récits se multiplièrent. Le roi doit encore participer à trois courses formant une partie, comme la règle en dispose pour chaque jouteur. François de Scépeaux, maréchal de Vieilleville et écuyer du roi, lui lace son armure et lui enfile l'armet, ce casque à visière mobile. Un premier assaut oppose Henri II à Jacques de Savoie, duc de Nemours, puis un second à François de Guise, qui tous deux ont le bon goût d'avoir le dessous. Se présente alors, de passage à Paris, Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, fils du capitaine des archers de la garde écossaise. Ce garçon de 29 ans est un guerrier apprécié du roi. Laissons parler Vieilleville, témoin le plus proche : « Tous deux se choquent à outrance et rompent dextrement leur bois », c'est-à-dire leur lance, ce qui vaut match nul. « M. de Vieilleville, auquel il appartenait de courir, se présente et veut entrer en lice ; mais le roi le pria de le laisser faire encore cette course contre le jeune Lorges, car il voulait avoir sa revanche, disant qu'il l'avait fait branler et quasi quitter les étriers. » Le maréchal tente de le dissuader, Montgomery de s'excuser, rien n'y fait. Il peut être alors 5 heures du soir. Les héros sont fatigués, mais le puissant tempérament du roi l'emporte. Il enfourche le Malheureux, destrier turc que lui a offert Emmanuel-Philibert. A son casque et à sa lance, panache et flammes aux couleurs noir et blanc, celles, comme toujours, de sa vieille maîtresse Diane de Poitiers, presque sexagénaire, assise dans la tribune royale tout près de la reine Catherine de Médicis. A l'entrée en lice des jouteurs, stupeur dans l'assistance : alors qu'à chaque course « toutes les trompettes et clairons sonnent et fanfarent sans cesse, à tue tête et étour-dissement d'oreilles, elles se turent toutes coies, sans aucunement sonner ».



Présage lugubre dont croit se souvenir Vieilleville. N'empêche. Les deux cavaliers s'élancent, les longues lances de frêne calées à l'horizontale touchent chacune l'adversaire et se brisent incontinent. Mais ce maladroit de Montgomery, au lieu de jeter la sienne aussitôt et de dégager, continue sa course le tronçon baissé, « et en courant rencontre la tête du roi, duquel il donna droit devant la visière, que le coup haussa, et lui creva un oeil ». Henri s'affaisse sur l'encolure de son cheval et tombe au bout de la piste dans les bras du grand écuyer Claude de Boissy et de Vieilleville, « leur disant avec parole fort faible qu'il était mort ». Pas encore, hélas pour lui. L'agonie du roi, qui dura neuf jours, fut d'une horreur exemplaire. Les deux plus illustres chirurgiens du temps, André Vésale, appelé de Bruxelles, et Ambroise Paré, retirèrent de l'oeil droit des éclats de bois longs de dix centimètres. Paré se procura quatre têtes de criminels fraîchement exécutés, « contre lesquelles on cognait le tronçon par grand force au pareil côté qu'il était entré dedans celle du roi », pour constater que chaque fois le cerveau était atteint. Aucun espoir, donc, de guérison. Henri II eut le temps de faire une belle mort : ayant fait savoir à Montgomery consterné qu'il ne lui en voulait pas, il écrivit quelques lettres et se confessa dévotement. Le dimanche 9 juillet, raconta l'évêque de Toulon Jérôme de La Rovère dans son sermon d'obsèques, « lui survint une grosse sueur, qui lui dura presque jusqu'au lendemain lundi, qu'il demanda et prit fort révéremment la sainte onction. Et ainsi garni de toutes les marques de bon et vrai chrétien, rendit l'esprit à Dieu ».



Dieu, justement, qu'avait-il voulu signifier par ce désastre ? L'explication par le hasard était la moins recevable par les contemporains. On s'aperçut bientôt que le coup était prévisible, prévu même. En 1555, Nostradamus a présenté au roi un recueil de ses centuries où l'on lit : « Le lion jeune le vieux surmontera/En champ bellique par singulier duelle/Dans cage d'or les yeux lui crèvera/Deux classes une, puis mourir mort cruelle. » On n'est pas plus clair. Un an plus tard, l'évêque et astrologue italien Luca Gaurico fit savoir au roi qu'il devait éviter un duel qui risquait de lui attirer une blessure à la tête. La nuit précédant le jour fatal, un rêve a prévenu la reine Catherine, qui supplie son époux de renoncer à sa dernière partie. Vieilleville n'est pas en reste. Il aurait dit au roi, en l'armant : « Je jure le Dieu vivant qu'il y a plus de trois nuits que je ne fais que songer qu'il vous doit arriver quelque malheur aujourd'hui. »

Beaucoup de protestants, qui gagnent du terrain en dépit de la vie dure que leur mène Henri II, ont une autre interprétation. La paix conclue en avril au Château-Cambrésis avec l'Espagne toute catholique n'annonce pour eux rien de bon. De fait, le 2 juin, l'édit royal d'Ecouen ordonne de « procéder à l'expulsion, punition et correction des hérétiques ». Le 10 juin, au cours de la séance royale du Parlement, le conseiller Anne du Bourg, acquis à la Réforme, s'est indigné que l'adultère et la débauche ne soient pas poursuivis, alors que l'on persécute des personnes qui n'ont commis d'autre crime que de lire l'Évangile à leur façon. Le roi, furieux, a ordonné son arrestation - il sera brûlé en décembre -, et c'est précisément Gabriel de Montgomery qui a été chargé de l'embastiller. N'est-ce pas justice divine qu'Henri soit frappé des mêmes mains qui ont enchaîné un véritable chrétien ? La mort d'un roi de France est un signe. Avec lui disparaissait « le beau » XVIe siècle. Les guerres de Religion pouvaient commencer

©2006 Le Point
écrit par Laurent Theis




mardi 24 août 2010

Histoire de France le XVIème le Sacre d'Henri II et de Catherine de Médicis à Saint Denis 10 juin 1549

Le Mariage d'Henri II et de Catherine de Médicis à Saint Denis

LE SACRE

Le 10 juin 1549, Catherine de Médicis est solennellement sacrée et couronnée reine de France. En ce jour qui devrait être dédié à sa gloire, elle est déçue par le manque de faste des cérémonies. Mais, surtout, elle enrage de voir Diane de Poitiers, la maîtresse du roi, superviser le protocole!

Catherine de Médicis à beau être l'épouse d'Henri II et lui avoir donné enfin un héritier, le futur François II, en janvier 1544, elle n'est reine de France qu'en titre : c'est la favorite Diane de Poitiers qui règne sur le cœur du roi et sur la Cour! En ce 10 juin 1549, la souveraine doit recevoir l'onction sacrée et être solennellement sacrée. Mais, lors de ces cérémonies, pourtant tout à elle dédiées, elle n'est pas sûre d'éclipser sa rivale.

Force est de constater que, dans la basilique de Saint Denis, le sacre de la reine de France est conduit par la maîtresse du roi! Alors que le cortège s'avance vers l'autel, Diane de Poitiers marche en tête parmi les princesses du sang. Elle arbore crânement le même manteau que Catherine de Médicis, rehaussé d'hermine, privilège des princesses et des duchesses. A l'occasion de la seule cérémonie au cours de laquelle elle ne peut décemment disputer la première place à la reine, elle a été désignée pour superviser le protocole.





Courtisans, hauts dignitaires et prélats n'ignorent rien de l'exceptionnelle faveur dont jouit Diane de Poitiers. Pourtant, voir briller en ce jour celle que le roi a nommée suivante de la reine leur semble une provocation déplacée. De surcroît, la favorite est secondée par ses deux filles, nées de son mariage avec Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, Françoise, duchesse de Bouillon, et Louise, marquise de Mayenne. Pour le sacre du roi à Reims, le 26 juillet 1547, Diane de Poitiers se tenait au premier rang, tandis que Catherine de Médicis, enceinte de sa fille Claude, la future duchesse de Lorraine, était reléguée dans une tribune. Moins de deux ans plus tard, pour ce sacre qui est le sien, la reine n'a pu être écartée. Aujourd'hui, malgré la sobriété manifeste des célébrations, mais dans le recueillement et la dignité, elle va être solennellement intronisée second personnage du royaume. La souveraine vient d'être coiffée de la couronne rutilante des précieuses gemmes de la royauté. Le cérémonial veut qu'elle en soit ensuite débarrassée pour entendre la messe. C'est alors que survient un incident édifiant. Respectant scrupuleusement les instructions, Louise de Mayenne s'avance vers la reine et la décharge de son fardeau. Puis elle se retourne et se dirige vers sa mère. Chacun, médusé et le souffle coupé, la voit déposer la couronne aux pieds de Diane de Poitiers! Celle-ci ne bronche pas et reçoit cette offrande symbolique comme un dû. La reine Catherine, elle, reste de marbre. Pas un instant son regard ne se tourne vers sa rivale : elle n'a rien vu et n'aura pas un mot pour commenter cette humiliante péripétie.

Six jours après le couronnement de Catherine de Médicis, le 16 juin, le couple royal fait son entrée dans Paris. L'accueil triomphal que lui fait la capitale redonne du baume au cœur de la reine. La ville est superbement décorée. Les aménagements réglés pour une célébration à l'antique de la monarchie ne font aucune référence directe à la favorite. Mais, si son monogramme ne figure sur aucun décor, Diane de Poitiers a fièrement pris la place qui lui revient au sein du cortège.

Pour fêter la reine nouvellement sacrée, les plus grands artistes du temps ont été sollicités. L'architecte Pierre Lescot, le sculpteur Jean Goujon, le peintre Jean Cousin ont conçu et fait réaliser d'extraordinaires décors monumentaux. Pour l'occasion, le poète Pierre de Ronsard a rédigé des inscriptions en vers, l'helléniste Jean Dorat s'est chargé des devises grecques et latines.




A la porte Saint Denis, passage obligé des entrées royales, se dresse un arc de triomphe orné d'un hercule couronné représentant François 1er, de colosses et de quatre personnages figurant les sujets du roi, un noble, un clerc, un bourgeois et un paysan. Devant l'église Saint Jacques de l'Hôpital, un spectaculaire arc corinthien a été érigé; au Châtelet, un portique ionien a été élevé; le pont Notre Dame est jalonné d'arcs de triomphe. Tandis que des anges veillent sur la Couronne, une statue de la France trône au sommet d'un obélisque, sous lequel un rhinocéros symbolisant les forces du mal écrase des monstres. Chaleureusement acclamés par le bon peuple, Catherine de Médicis et Henri II passent sous un dernier arc de triomphe, rue Saint Antoine, avant de regagner leur résidence du palais des Tournelles.

© cliannaz@free.fr

LA FONTAINE DES INNOCENTS

Paris et la célèbre fontaine des Innocents gardent encore aujourd'hui la souvenir de l'entrée triomphale de Catherine de Médicis et d'Henri II. Le 16 juin 1547, la grande fontaine, sise à l'angle de la rue Saint Denis et de la rue aux Fers (actuelle rue Berger), suscite l'émerveillement des souverains. Elle est ornée d'une dentelle signée par Jean Goujon et Pierre Lescot, tout en légèreté et élégance, à l'image des naïades des bas-reliefs et des masques cracheurs d'eau. Ses arcades aux balustres de bronze et aux pilastres cannelés sont gardées par des nymphes aériennes. Des dauphins sculptés y évoluent entre des représentations de la Renommée. Les écussons alternent avec les fleurs de lys de France et les fameuses "pilules" des Médicis. Démontée puis réédifiée pierre par pierre au fil des transformations du quartier des Halles, la délicate fontaine des Innocents reste le symbole de la reine Catherine.

© 2002 cliannaz@noos.fr




mercredi 18 août 2010

Spectacle Château d'Ecouen Renaissance Historique les auberges et tavernes au XVIéme siècle


AUBERGES ET TAVERNES AU XVIe SIÈCLE


DU TEMPS POUR SOI

















Jusqu'au XVème Siècle, la plus grande partie de la population française n'a jamais connu de temps de loisir. Même le soi-disant temps libre est utilisé à travailler chez soi, pour le Seigneur ou pour l'Eglise.

Au début du seizième siècle, la population s'est globalement enrichie, et les gens ont donc plus de temps pour eux-mêmes.

Cela est principalement du au progrès technologique, (artisanat plus efficace, outils plus performants) à la désuétude du système féodal, et à l'accroissement des moyens de transport.

Tous ces facteurs permettent une meilleure distribution des biens et de la richesse.

Les gens commencent alors à passer une partie de leur temps dans les Tavernes.

L'EGLISE ET LA TAVERNE

La Taverne devient au XVIe le véritable centre social alternatif à l'Eglise. Une sournoise guerre d'influence entre curé et tavernier commence. Dans les campagnes, les femmes se

retrouvent souvent à l'Eglise, et les hommes dans la Taverne, qui deviendra notre fameux "café". Les deux espaces sont souvent situés l'un en face de l'autre, irréductibles, de chaque côté de la
place du village.

Cette guerre de position va durer quatre cents ans, jusqu'à la fin du vingtième siècle, qui verra l'avènement de la Télévision et la désertification des églises. .

Les femmes ne sont cependant pas bannies des tavernes. Hommes et femmes y célèbrent ensemble toutes sortes de cérémonies et de fêtes. On fête les naissances, les dons de pain bénit, la fin des
vendanges ou des moissons, la fête du saint patron du village. On y boit sec, on y mange à l'occasion un "cochon raisonnable " (Rabelais).

Mais aussi on y célèbre et organise des mariages et des funérailles, avec l'aide de curés itinérants, à la grande fureur des curés résidents. L'Eglise fera intervenir la Loi pour déclarer

ces cérémonies illégales. Mais l'idée Réformée d'un contact direct avec Dieu est à mettre en parallèle avec la fonction religieuse de cet espace social profane.

TAVERNE, LIEU DE PERDITION

Les tavernes sont aussi regardées avec désapprobation par l'Eglise, car les jeux sont encouragés par les patrons qui fournissent des dés, des cartes et différents jeux de table.

A l'extérieur, on y trouve aussi communément des jeux de boules et des pistes de tir à l'arc (papegai) dans la cour, les allées, ou entre les maisons. Aussi les tavernes ont très vite une réputation de lieux pour toutes sortes d’activités criminelles ou illégales.

Bien des servantes arrondissent leurs gages en exerçant occasionnellement leurs talents dans un domaine plus intime.

Comme beaucoup de clients, les paysans surtout, payent en nature (un animal,
un bien, des produits de la ferme) les taverniers sont accusés de recel et de trafic d'objets de provenances douteuses. Les aubergistes jouent aussi le rôle de
prêteurs sur gage.

A une époque où le voyageur étranger est examiné avec suspicion (l’habitant du village d'à côté est considéré comme un "étranger", et ceux d'autres pays comme provenant d'une autre planète) un endroit tel que l'auberge, qui est le passage obligé de l'étranger, doit forcément avoir un relent de coupe-gorge. Certains aubergistes étaient d'ailleurs de collusion avec des détrousseurs en tout genre.

Dans certaines villes, il est interdit aux natifs du lieu de pénétrer dans les auberges, sur le motif qu'elles encouragent la débauche et la dépense injustifiée des salaires.

A PARIS


PARIS compte évidemment de très nombreuses auberges ou tavernes telles que La POMME DE PIN, l'auberge du CASTEL, de LA MADELEINE, de LA MULE.

Mais traditionnellement le Parisien, surtout s'il est peu fortuné, ce qui est le cas des étudiants, préfère faire la fête dans les auberges situées aux marges de la ville, au-delà des barrières de l'octroi puisque le vin n'y est pas taxé.

C'est d'ailleurs ce qui fera la fortune et la réputation des fameux "cabarets" de la colline de Montmartre.

©Remi Morel